La canicule de 2003 l’a prouvé : les conditions météorologiques ont un impact sur le nombre de décès en France. Mal préparée à cet événement climatique, la population des personnes âgées avait vu son taux de mortalité augmenter subitement (cf graphique ci-dessous)

Exemple de la canicule d’août 2003 : pic de température et pic de décès.

(Données de température calculées à partir de la moyenne de 22 stations réparties dans chaque région de France métropolitaine)

Faut-il en déduire qu’il existe une corrélation entre les variations de température et le nombre de décès en France ? En s’appuyant sa propre base de données internes, sur les données de l’open data et de températures fournies par Météo France, Senior Media tente une analyse.

Tout d’abord, nous avons mené notre étude en regardant les corrélations entre niveau de température et nombre de décès par mois, sur une période de 1994 à 2013. En observant chaque mois pris séparément sur une période de 20 ans, nous nous assurons d’isoler un effet de « saisonnalité » qui pourrait être similaire entre les températures et les décès.

Par mois, nous avons calculé le coefficient de corrélation entre la température moyenne mensuelle et le nombre de décès. Pour rappel :

– un coefficient de corrélation proche de 1 indique une relation proportionnelle entre les deux variables

– un coefficient de corrélation proche de 0 indique l’absence de relation entre les deux variables

– un coefficient de corrélation proche de 1 indique une relation inversement proportionnelle entre les deux variables

Première constatation : les coefficients de corrélation les plus forts sont observés sur les mois d’été et les mois d’hiver, notamment les mois qui enregistrent les températures les plus « extrêmes » (notamment août et février avec 0,78 et -0,61 respectivement). En clair, les températures les plus froides ou les plus chaudes entraînent une variation d’amplitude quasi similaire dans le nombre de décès.

A l’inverse, il est difficile d’établir une relation entre température et nombre de décès sur les mois de l’année avec des températures plus douces, au printemps ou à l’automne.

Graphiquement, le lien température/décès devient encore plus frappant sur les mois affichant un fort coefficient de corrélation. Ainsi, nous avons étudié l’évolution des corrélations sur la période par mois :

 

Mois d’hiver : février (corrélation négative)  

 Mois d’été : août (corrélation positive)

On y voit clairement que les courbes évoluent dans les mêmes proportions en cas de pics de températures à la hausse ou à la baisse. Ainsi février 2012, année de forte diminution des températures avec 2% enregistrée en moyenne sur le mois, a connu dans le même temps le plus fort taux de décès depuis 1994. A l’inverse les mois de févriers « chauds » comme celui de 1995, connu un nombre de décès relativement bas.

Il est difficile de conclure sur une évolution des décès conjointe aux conditions météorologiques. Cependant, il est clairement prouvé que des « accidents » dans la courbe des températures ont un impact sur le taux de décès en France.